Second Âge du fer ( La Tène)


Contexte Historique


En 52 avant JC, la guerre fait rage en Gaule et les forces gauloises se sont rassemblées sous la bannière du chef Vercingétorix face au proconsul Caius Iulius Caesar IV (Jules César) qui, depuis 58 avant JC, commande une campagne visant à étendre le territoire de Rome mais aussi sa propre renommée. Ses rangs se voient renforcés par des autochtones (auxiliaires) qui servent de guides, d’interprètes mais surtout de soldats. C’est le cas des Arvernes qui, riches d’un commerce de longue date avec la nation italique, décident de se battre à ses côtés comme de nombreux peuples du centre et du sud de la Gaule. L’intérêt de ce pacte pour ces tribus est économique d’une part, et politique d’autre part.

Les peuples de la Gaule

Depuis le début du IIIème siècle av., les membres de la caste aristocratique s’entourent d’une élite guerrière pour leur protection. Ces combattants chevronnés sont pour beaucoup des mercenaires qui ont principalement opérés en Méditerranée au service de Carthage et des États Etrusques. A partir du Ier s. av. JC, cette garde rapprochée réside à proximité des agglomérations et est logée par leur chef de guerre

Les Médiomatriques se sont installés en Lorraine et dans le Nord de l’Alsace au début du IIIe s. av. et c’est sur la colline de Sainte-Croix qu’ils fondent Divodurum (Metz) en -112, un oppidum de 35 hectares. La cité est traversée par une voie romaine qui part de Reims pour aller à Strasbourg ce qui en fait la capitale des Médiomatriques. La ville est protégée par un mur d’enceinte (murus gallicus) de 600m de long ainsi que d’un rempart plus modeste qui servait probablement aussi de chemin de ronde.

La production de sel était l’une des activités économiques la plus florissante de ce peuple. Le commerce de cette denrée entraina un enrichissement des populations qui l’extrayait. C’est à proximité de Marsal que l’exploitation du sel devient une véritable industrie et la petite ville devient rapidement un lieu d’importance, ce dont témoignent les céramiques d’importation et les nombreuses pièces de monnaie qui proviennent de toute la Gaule.

Depuis le Vème s. av. JC et pendant tout le IIème s. av. et une partie du Ier s. av., la population de la Gaule ne cesse d’augmenter, ceci se traduit notamment par une multiplication des tombes monumentales (tumuli)et l’accaparement des terres par les aristocrates pousse des milliers de personnes à l’exil. La plupart migrent vers l’Italie, les Balkans et même jusqu’en actuelle Turquie, suivant le cours du Danube jusqu’à la Mer Noire. Pour survivre, ceux-ci organisaient pillages et raids sur les populations locales et les temples, amassant des richesses au cours de leur périple.

Ce phénomène entraine alors un défrichement des forêts gauloises sur de vastes territoires pour y installer des champs propices à l’agriculture et à l’élevage. Ces mouvements de population accentuent évidement une modernisation des outils qui sont liés à ces activités. Les forgerons sophistiquent leurs techniques et sont capables de véritables prouesses aussi bien dans l’outillage que dans l’armement.

Echafaudage en terre cuite et godets destinés au traitement du minerai de sel : le feu provoque l’évaporation de l’eau salée. On braisait ensuite les godets pour dégager les pains de sel. Musée de la Cour d’Or, Metz

Technologie connue depuis IVème millénaire av. JC en Mésopotamie pour le labour, l’utilisation de l’araire se diffuse en Europe entre 2000 et 1500 av. JC. Les gaulois l’utilisent largement et en perfectionnent son utilisation pour le travail de la terre. Cet outil est plus fréquemment tracté par un animal de trait, comme le bœuf ou le cheval. Le Vallus, invention typiquement gauloise, est la toute première moissonneuse à propulsion animale qui permet, en passant dans les champs de céréales, d’en récolter plus qu’à la main. Sorte de caisse en bois/vannerie montée sur deux roues, des dents permettent de couper les épis et de les collecter. Pline l’Ancien en fait mention au Ier s. ap. dans Histoire naturelle. Le tonneau est aussi une innovation des peuples de la Gaule, alors que les méditerranéens transportaient leur vin et l’huile d’olives dans des amphores en terre cuite, les Gaulois fabriquaient des tonneaux en bois, bien plus solides pour la manutention et fiables pour garantir la conservation et le transport des liquides et autres denrées.

Carnyx retrouvé à Tintignac

L’artisanat gaulois est vaste et complexe. Il existe des spécialistes dans chaque domaine d’activité. Les gaulois ont la réputation d’être des forgerons émérites, surtout pendant la Guerre des Gaules où leurs services sont indispensables. C’est durant cette période que ces artisans se mettent entièrement au service de l’effort de guerre et produisent de façon quasi-industrielle fers de lances, pointes de flèches, umbos, casques standardisés et épées en série. En témoignent les trouvailles sur le champ de bataille présumé d’Alésia (Alise Sainte-Reine, Bourogne-Franche-Comté). Ils sont à l’origine de la cotte de mailles (Lorica hamata) qui protège les guerriers des coups de tailles à l’arme tranchante.

Cette invention a rapidement été intégrée dans les rangs de Rome vers -400 pour équiper les légionnaires. Les bronziers, qui depuis l’Âge du Bronze confectionnent des parures, des armes et des armures, se concentrent désormais sur du mobilier à vocation cérémonielle (chaudrons), la confection de bijoux et de fibules et fabriquent d’impressionnantes trompettes de guerre. Pouvant atteindre 3 mètres de haut, les carnyx sont façonnés en bronze ou en laiton. Au sommet, perpendiculairement à la trompe, le pavillon se termine souvent par une tête de sanglier à la gueule ouverte. Son utilisation guerrière est indéniable, le général et historien romain Polybe y fait référence durant la bataille de Télamon en 225 av. JC, opposant les Gaulois cisalpins aux forces romaines. Les orfèvres quant à eux, produisent de magnifiques torques qui, pour les plus massifs, avoisinent les 400 grammes d’or pur.

Attestés depuis au moins 274 av. JC par Pausanias dans ses écrits, le phénomène de cavalerie gauloise se repends de la Macédoine et des Balkans jusqu’en Europe de l’Ouest au cours des siècles suivants par une succession d’invasions. Au Ier s. av. JC, les chefs gaulois les plus fortunés enrôlent et entraînent des cavaliers, souvent à leurs frais, pour constituer d’immenses contingents. Cette élite guerrière se caractérise par un armement spécifique et une panoplie lourde : casque, grand bouclier, lance, épée longue (qui fait son apparition en même temps que ce type de cavalerie), cotte de mailles. Il faut aussi noter que le cavalier est accompagné dans son effort par deux « écuyers » qui montent également à cheval ; cette formation se nomme Trimarcisia.

Sources ;
Sociétés Celtiques et Mercenaires, Luc BARAY
Les mercenaires celtes en Méditerranée Ve-Ie s. av. JC, Luc BARAY
Les Peuples fondateurs à l’origine de la Gaule, Fabien REGINER/Jean-Pierre DROUIN (p. 488)
La guerre des Gaules, Jules CESAR
Le guerrier gaulois, Franck MATHIEU
Musée de la Cour d’Or, Metz
Musée d’archéologie national de Saint-Germain-en-Laye

Nos propositions


Voici notre proposition de reconstitution pour une femme gauloise du Ier siècle av. J.C. Celle-ci est vêtue sobrement et pour la saison estivale. Sa robe en lin à manches longues est formée d’un tube dépourvu de triangles d’aisance. De fait, le vêtement est très large, serré à la taille par une ceinture en cuir, parfois en tissu. En hiver, la laine est privilégiée, même si, pour des couches sociales moins aisées, ce matériau est sûrement plus répandu que le lin. D’un certain statut, elle porte sur les épaules le sayon ; c’est une pièce d’étoffe de laine qui servait de manteau, de cape pour se couvrir. Les motifs pensés et créés lors du tissage peuvent symboliser l’appartenance à un clan pour favoriser, notamment, la reconnaissance. Cette femme peut également compléter sa tenue avec un peplos, sorte de tablier, par-dessus la robe. Aux pieds, ses chaussures sont fermées bien qu’aucunes preuves matérielles n’aient encore été trouvées en milieu archéologique.

Voici notre proposition de reconstitution d’un jeune chef médiomatrique du Ier siècle av. J.C. Son équipement est celui d’un cavalier, ce dont témoigne son casque en fer à paragnatides, largement inspiré des casques béotiens plus anciens et de son épée longue de facture gauloise. Son casque est ceint d’un bandeau de tissu aux couleurs du sayon, comme cela aurait pu être le cas à l’époque. Sa cotte de mailles (Lorica hamata) est composée d’anneaux rivetés. Des rabats sur les épaules ajoutent une protection supplémentaire lorsqu’il quitte sa monture pour prêter main forte en tant que fantassin. En dessous, en plus d’une tunique en laine épaisse, une fine tunique en cuir lui permet de ne pas être en contact direct avec l’armure et d’enfiler ou d’ôter celle-ci aisément. Le bouclier porté par le guerrier est oblong, fait en bois de tilleul et un umbo en fer protège la main. Les peintures s’inspirent de motifs grecs aux couleurs chatoyantes. L’épée pends à la ceinture par un système de fixation sophistiqué, dans un fourreau en tôle de fer. Notre guerrier porte aussi une ceinture tissée, hypothétique. Ses braies en laine lui permettent de monter à cheval et de courir dans les herbes facilement. Il porte des brogues aux pieds, unique modèle de chaussures celte datant du IVème siècle av. J.C., et des chaussettes en laine faites au crochet.